Le festival Only Porn consacre une soirée à Noel Alejandro, réalisateur de courts-métrages pornos très singuliers.
Pornos d’auteur ? Pornos arty ? Pornos tendres et mélancoliques ? Pornos alternatifs ? Un peu tout cela sans doute, et pas que, mais c’est à l’évidence ainsi qu’on pourrait définir les courts-métrages de Noel Alejandro. Entre la projection du nouveau film d’Émilie Jouvet (My Body, My Rules) et celle d’un documentaire sur des sex parties du troisième âge (Sex And The Silver Gay de Charles Lum et Todd Verow), la sixième édition du festival Only Porn, organisé par Le Lavoir public, propose de découvrir ce jeune cinéaste indépendant qui a décidé d’investir le porno comme champ d’exploration artistique.
Autant dire que ses films ne ressemblent pas beaucoup aux productions formatées de l’industrie du X, et que ses acteurs eux non plus n’ont pas grand-chose à voir avec ceux que l’on y croise habituellement. Sont-ils moins sexys, moins bandants ? Absolument pas, bien au contraire même ! Car la manière qu’a Alejandro de scénariser ses rencontres (un jeune homme triste trouve la consolation auprès d’un beau fantôme ; deux copains d’école se retrouvent, etc.) et de les raconter, en en faisant sourdre d’abord la charge émotionnelle et la tension amoureuse plutôt que la seule pulsion sexuelle, en détaillant au plus près les corps qui s’offrent dans une sorte de communion aussi sensible que charnelle, est assez hors du commun.
Elle renvoie le porno à ses origines, à ces temps oubliés où les films étaient porteurs d’une énergie vitale, d’un plaisir partagé, et pas seulement de purs produits manufacturés, toujours similaires dans leur déroulement et un peu méprisants par ce côté «sexe à la chaîne» pour ceux qui les consomment. Il suffit de visionner Call Me A Ghost, Bad Medicine ou Doing Elliott – trois de ses courts-métrages présentés à Only Porn – pour constater que Noel Alejandro ne méprise ni le genre porno, ni ceux qui les regardent. Ses œuvres font preuve d’une évidente sensibilité dans la construction de ses personnages, mais aussi sensibilité esthétique, tant la beauté des lumières, des cadres et des images vient magnifier celle des corps de ses acteurs.
Car il faut bien parler ici d’acteurs, de comédiens, pour évoquer ceux qu’il invite dans ses histoires, des acteurs qui ne sont pas que des machines à baiser – même s’ils baisent magnifiquement ! – mais bien des interprètes qui nous séduisent par leur présence autant que par leurs performances, autant par les émotions qui traversent leurs visages que par le foutre qui gonfle leurs bites. Noel Alejandro est jeune, son cinéma est à peine émergent. Il est pourtant déjà incroyablement brillant. On a hâte de voir la suite !
Festival Only Porn, du 14 au 17 décembre (rétrospective Noel Alejandro vendredi 15 décembre) au Lavoir public, 4 impasse Flesselles-Lyon 1 / 09.50.85.76.13 / www.lelavoirpublic.fr